Publié le 2 février 2023
Ça me trottait dans la tête depuis un bon moment déjà. Même que mes proches me diraient que j’en jase depuis des années sans qu’ils y croient.
Écrire un peu.
Disons, écrire officiellement.
Je me suis mis à écrire pour l’infolettre de DLD quand la pandémie a annulé la majorité de nos activités. Il y avait de quoi jaser à ce moment, et, je sentais que bien des gens comme moi cherchaient à connecter, à se comprendre, à connecter pour se comprendre.
Je sens la présence de ce désir de connexion avec les autres afin de se comprendre soi-même quand j’anime les Chorégraphes Anonymes. L’écoute que les participant·es se donnent est une validation de chacune des pensées. Nous n’y sommes pas pour débattre d’idées, nous y sommes en explorateurs des pensées de chacun·e.
Dans une conversation, mon intérêt s’avive quand il n’est pas question de convaincre, mais de bâtir une idée ensemble, ériger une pensée qui n’existe que par l’échange et qui est insaisissable, puisque la conversation n’est qu’un vecteur de tout ce qui se trame dans les cerveaux des participant·es.
Je pense que cela crée aussi une pensée humble, vivante et mouvante. Ça me rapproche de ma pratique en arts vivants, jamais complètement définie, mais qui se construit tout de même, qui doit être communiquée, partagée, quoique toujours un peu dans le flou. Le flou en est même souvent un moteur, une condition.
J’aimerais parler de la pratique, et de d’autres enjeux autour de la pratique. Je disais dans un spectacle que c’était vain de chercher à voir ce que je veux dire par une œuvre, puisque si j’avais quelque chose à dire, je le dirais tout simplement, plutôt que de passer des mois à créer une pièce pour la scène…
Je vise avec ce blogue à me forcer à saisir un moment dans la mouvance de mes pensées, pour me forcer à un autre exercice. Je vise aussi à donner la parole à d’autres artistes, leur proposer de jouer à ce jeu, et cet espace et son ton sont donc encore à définir.
Je sens toujours un certain sentiment d’imposture lorsque j’écris, sachant que d’autres personnes en font un métier que je respecte énormément.
Mais j’aime que presque chaque fois que j’écris, on me répond, alors qu’on ne répond pas nécessairement à un spectacle autrement que par des applaudissements ou un silence. Cela me va très bien, mais j’aime bien le dialogue, aussi.
Je cherche à m’atteler à quelque chose qui s’inscrit absolument différemment dans le temps qu’un spectacle.
De là le stress, mais aussi de là l’envie d’y aller.
– Frederick Gravel
