Comme un petit cosmos sorti d’un tableau de la Renaissance et baignée de clair-obscur, Tête-à-tête est une oeuvre expérientielle à mi chemin entre le théâtre d’objet, l’installation optique et le conte existentiel. Pour vivre l’expérience, le spectateur doit insérer son visage à l’intérieur d’un masque incrusté dans un pan de mur. Il s’agit en fait du visage de l’artiste (et de l’interprète) à travers lequel il regarde comme par le trou d’une serrure. C’est en confondant son regard à celui de l’interprète que le spectateur observe la mise en scène d’un homme et de diverses matières organiques (tison, feu, feuille de riz, masque de plâtre, pomme) se déployer devant soi.

Muni d’un casque d’écoute couplé à un système de son ambiant, le spectateur baigne dans un univers sonore immersif où la voix d’un jeune garçon lui souffle les mots du poète Octavio Paz, «deux corps face à face […]». Selon les principes de l’anamorphose, l’unique point de vue offert au voyeur permet à l’artiste de travailler la lumière et la perspective de ces tableaux vivants en trompe l’oeil parfait. Un éclairage soigneusement calibré et des éléments optiques de haute précision mettent le spectateur face à son propre reflet holographique.

Comme si on lui disait «vient dans ma tête», le spectateur voyage et se glisse entre plusieurs couches identitaires. On lui retire son masque. Au final, l’artiste se fond littéralement au spectateur, à sa peau, son regard, ses expressions. Deux visages se combinent pour en créer un troisième. L’illusion d’être pénétré, habité par un corps étranger. On se retire en silence en se demandant si l’on a vraiment été touché… Et pourtant on l’a été, du bout des doigts, simplement.

Avec des projections et des reflets ingénieux, Gladyszewski laisse son visage se confondre avec son public d’un seul homme. Un contact nait, sans qu’on ne devienne la victime d’une participation forcée. Cela fascine et émeut. Lorsqu’il disparaît sans bruit, je me dis que j’aurais bien voulu applaudir cette expérience profonde et insaisissable.
– Het Parool, Amsterdam (Pays-Bas)

Année de création 2012


CRÉDITS

Conception Stéphane Gladyszewski
Conception sonore Jean Sébastien Durocher
Interprète Stéphane Gladyszewski
Régie Justine Ricard
Conseiller artistique Peter James
Assistants à la réalisation Emmanuel Proulx, Justine Ricard

PRODUCTION

Production Stéphane Gladyszewski
Production déléguée et développement DLD – Daniel Léveillé Danse

Avec le soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts de Montréal


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